[Baron Kensington] Poursuivons cette conversation.... Ailleurs

Helena avait passé son après-midi dans le parc afin de s’aérer l'esprit et de profiter, pour la première fois depuis longtemps, de l'air frais. Lorsque la journée touchait à sa fin, elle se mit en route pour ses appartements où elle avait donné "rendez-vous" au Baron afin de poursuivre leur conversation.

Sur le chemin, elle n'avait de cesse de se poser mille et une questions.... Mais une fois sur les lieux, elle entreprit de mettre en ordre quelques affaires et mis en place de quoi faire du thé, chose qu'elle n'aurait jamais imaginé faire un jour. Mais elle devait tenir ça de Rowena...

Elle s'installa sur un fauteuil, et patienta, pleine d'appréhension.

*Obéissant aux volontés de la damoiselle, se rend comme convenu à ses appartements, et toque à la porte, espérant que cette petite entrevue se déroulera au mieux.*

Habituée au silence depuis plusieurs minutes, elle sursauta lorsqu'elle entendit toquer à la porte. Sa gorge se serra, mais elle fit de sa voix la plus claire possible.

- Entrez, fit-elle d'un ton confiant qui dissimulait néanmoins un malaise certain.

*Entre et referme soigneusement la porte derrière lui. Approche et s'incline avec élégance*

Lady, merci de m'accorder cette entrevue, qui, je l'espère, nous permettra de repartir sur de nouvelles bases...

Elle salua son interlocuteur d'une légère inclinaison de la tête.

- Je l'espère également, répondit-elle, le visage inexpressif.

Helena avait eu l'après-midi pour réfléchir à cela... Car lorsqu'elle faisait encore partie du royaume des morts, elle ne faisait que ressasser et fulminer dans son coin, faute de réponses, d'explications, de raisons pour lesquelles elle n'avait pas pu mener une enfance, ou tout simplement une existence "normale". Elle en avait parfois voulu à la Terre entière, mais aujourd'hui, il était temps d'aller de l'avant, même s'il lui fallait pour ça inviter l'homme qui l'avait abattu.

- Prenez place, je vous pris, lui dit-elle en désignant le fauteuil juste en face du sien. Nous serons bien plus tranquille ici pour.. Discuter... Du thé ? Finit-elle par proposer.

*S'installe donc et hoche la tête, n'aime pas trop le thé mais ne veut pas paraître impoli, ça commencerait mal...*

Volontiers, Lady.

D'un geste de la main, un thé dont la composition était plutôt simple, vint se verser dans leur tasse. Plutôt que de boire, il s'agissait davantage d'une forme de politesse, un genre de convention sociale.

- Bien... J'imagine que cette entrevue doit être aussi gênante pour vous que pour moi, finit-elle par articuler avant de se racler la gorge.

Helena observait son interlocuteur avec attention.. Il semblait ne pas avoir changé d'un cheveux, à l'exception près que ses vêtements n'étaient plus gorgé de son sang. Mais son regard....

- Dites-moi, lorsque Rowena, ma mère, vous a chargé de me ramener, espériez-vous quelque chose de particulier en me retrouvant ?

Il ne s'agissait pas d'une pique, mais bien d'une question sincère. La jeune femme avait demandé cela d'un ton neutre, mais tout de même curieuse de connaître la réponse.

*Prend la tasse et réchauffe ses mains sur la porcelaine en humant la vapeur parfumée*

Je n'espérais rien de plus que réconforter votre mère en vous ramenant auprès d'elle, vous ainsi que, si possible, son précieux diadème. Je comptais par la suite lui demander votre main, une fois que je vous aurais sue en sécurité au pays...

Helena eut comme un pincement au cœur....

- Je vois. Loin de moi l'idée de transformer cette discussion en véritable interrogatoire mais...Qu'avez-vous ressenti lorsque j'ai refusé de vous suivre ?... En réalité j'aimerais comprendre ce qui vous a poussé à en arriver à de telles extrémités, car j'ai peine à croire qu'un homme qui souhaitait m'épouser ait pu me tuer. Bien que le sujet des crimes passionnels ne me soit pas inconnu.

Elle fit une pause, puis repris en baissant les yeux.

- D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours vécu dans l'ombre de ma génitrice, et elle m'a toujours ignoré, ne m'accordant de l'attention que pour le strict minimum.... Vous n'imaginez guère à quel point il peut être blessant, voire humiliant, d'avoir constamment la sensation de n'être qu'un objet, une poupée que l'on coiffe et habille pour faire jolie et qu'on laisse prendre la poussière sur une étagère. Un jour, j'en ai eu assez, et j'avais alors décidé de lui dérober son diadème qui était selon moi responsable de tous ses mérites. J'étais bien sotte de croire une telle chose, mais à l'époque, je me sentais prête à tout pour avoir un peu de considération de sa part...

À ses dernières paroles, elle releva la tête vers Elias.

- Quand je suis partie, je me sentais libre... Libre d'aller où bon me semblait, libre d'être quelqu'un d'autre, ou tout simplement "quelqu'un".... Finit-elle par dire, une certaine tristesse dans le regard.

*t'écoute avec attention. Boit une gorgée par politesse, puis repose la tasse. Te regarde*

C'est votre droit de savoir exactement ce qui s'est passé, Lady. Aujourd'hui je comprends votre refus, je n'étais pas à l'époque l'homme le plus affable qui soit. J'avais mon caractère, je m'emportais facilement... peut-être aviez-vous penser que j'étais le genre d'homme capable de battre sa femme. Peut-être l'étais-je, je ne saurais le dire vu que je n'ai jamais été dans cette situation. Mais j'étais prompt à la colère, et votre refus a blessé mon ego. Je n'avais pas pour habitude qu'on me dise non. Mon titre m'avait conféré la possibilité d'accéder à tous mes désirs, et vous, le seul être que je souhaitais posséder, vous me refusiez. Je ne pouvais l'accepter... et dans ma rage j'ai ôté la vie de celle qui avait osé me refuser une volonté. Quand je me suis rendu compte de ce que je venais de perdre, aveuglé par ma rage et mon égoïsme, je ne pouvais plus continuer à vivre...

*s'adosse à son siège, triturant ses doigts*

Rowena vous aimait, bien plus que vous ne le pensiez. Mais il est vrai qu'elle accordait beaucoup de son temps à Poudlard et qu'il lui était difficile dans sa position de gérer également une famille. Peut-être, si vous aviez pris le temps de vous parler, tout ceci aurait pu être évité. Mais je ne vous blâme pas... car au fond, nous nous ressemblions alors plus que nous l'imaginions...

- Oui, je me souviens que vous n'étiez point réputé pour votre patience.... À vrai dire, je vous ai parfois crains, mais sans vraiment savoir pourquoi... Je m'efforçais de ne point céder car j'estimais avoir plus de valeur que toutes ces femmes que je voyais être mariée par nécessité plutôt que par amour.

Elle but une gorgée de son thé et garda la tasse sur ses genoux.

- J'ai souvent l'impression que beaucoup de choses auraient pu être évitées très simplement. J'imagine que ma mère et moi étions peut-être trop campées sur nos positions pour que l'une fasse un pas vers l'autre. Et pour être franche, j'en ai davantage voulu à ma mère qu'à vous, car vous n'étiez point responsable de mon mal-être et vous n'avez fait que suivre les ordres...

Si j'avais vu plus tôt votre mal-être, j'aurais peut-être pu faire quelque chose pour vous aider toutes les deux. Cela me faisait de la peine de vous voir ainsi, sans compter que votre mère avait été alors pour moi un excellent professeur durant ma scolarité à Poudlard.

*se redresse*

Mais il est inutile de regretter ce que nous n'avons pas fait autrefois, quand une nouvelle chance s'offre à nous d'améliorer l'avenir, pour nous comme pour tous les sorciers.

Helena se surprenait à être d'accord avec Elias.

- Oui, et ma condition de fantôme me bloquait inlassablement dans le passé, sans aucune perspective d'avenir. Maintenant que je suis là, je me sens plus.... Sereine.

Elle posa sa tasse sur la table.

- En effet j'ignore pourquoi Merlin nous a ramené, ou même s'il y a une vraiment une raison à cela. Quoiqu'il en soit, je suis bien décidée à saisir cette opportunité, même si je ne sais point encore comment me rendre utile ici.... Dit-elle en finissant par perdre son regard dans le vide, perplexe.

Finalement, cette entrevue se déroulait pour ainsi mieux que prévu.. Pas d'effusions de sang, pas de hurlements, pas d'éclat de vaisselle, leur conversation demeurait sobre mais sincère.

Vous devez avoir acquis nombre de connaissances depuis le temps que vous errez dans le château, pourquoi ne pas enseigner ?.. Sinon, je suis sûr que Poudlard saurait vous offrir d'autres possibilités... il y a tant à faire ici.

*te regarde, aimerait tellement te sourire, mais se sent trop coupable pour se permettre la moindre familiarité en ta présence*

(Cette gifle de l'extrême, j'ai tellement ri XD C'est génial ces gifs *w* C'est trop mignon)

Helena réfléchit quelques instants.

- Vous pensez que je serais capable d'exercer une telle profession ? Demanda-t-elle, intriguée. Il est vrai que j'ai eu tout le temps voulu et nécessaire pour apprendre tout un tas de choses, même celles qui devaient demeurer secrètes. C'est une idée à creuser...

Elle eut un sourire en coin, puis releva les yeux vers Elias.

- Par ailleurs.... Que faites-vous maintenant que vous êtes de retour ?

(ihih merci

)

Bien sûr que j'en suis persuadé. Vous êtes intelligente et savante, Poudlard aurait beaucoup à gagner de votre savoir. Personnellement, le directeur m'a laissé enseigner les Sortilèges, une des matières les plus importantes pour nos futurs sorciers... je fais tout pour ne pas le décevoir.

*reboit une gorgée. Aoutch. Qu'il est parsemé d'embûches, le chemin de croix...*

Voilà longtemps que personne n'avait flatté l'esprit vif d'Helena.. Si l'on ne compte pas tous les élèves qui ont essayé de la courtiser dans l'espoir de découvrir l'emplacement du diadème de sa mère.

- Dans ce cas, j'irais m'entretenir avec le directeur.

Puis elle termina son thé et posa la tasse sur la table.

- Les élèves ne vous causent point trop de soucis ? Depuis mon retour, je n'ai eu l'occasion de n'en côtoyer que deux, ce qui est bien peu. Et les seuls que j'ai connu du temps où je n'étais qu'un fantôme étaient tous des profiteurs et des curieux qui n'en avaient qu'après la relique de leur fondatrice... Surtout un... Ajouta-t-elle en fronçant les sourcils, les yeux baissés.

La plupart m'évitent, j'ai toujours la réputation d'être le vil spectre de Serpentard qui terrorise les gosses.

*sourire amusé*

Mais j'ai pu discuter avec la jeune Lovegood, une damoiselle intéressante... et M. Fletchley est venu volontiers effectuer un devoir de Sortilèges. N'en veuillez pas aux jeunes sorciers d'avoir été timides avec vous à l'époque, Lady... vous aviez l'air si triste et fuyante qu'ils n'osaient vous approcher, sans doute. La faute en revient à moi seul.

Helena se mit à sourire, puis imagina la tête des élèves voyant leur nouveau professeur de sortilèges arriver, et la fatigue aidant, elle ne put s'empêcher de lâcher un petit rire nerveux qu'elle rattrapa dans la seconde.

- Ahem, veuillez m'excuser, dit-elle en reprenant son sérieux, puis elle soupira. Parmi ceux qui osèrent, il y en a bien un que j'aurais dû ignorer... Quand je vois toutes les choses horribles qu'il a commises... Je ne peux que me réjouir qu'il eut été anéanti, pour l'instant.

J'imagine que vous parler de l'héritier de Serpentard... Celui dont on ne doit pas prononcer le nom ? Oui, c'est dommage, il était un sorcier si prometteur, promis à de grandes choses... Il est regrettable qu'il ait suivi une voie si violente...

*soupire et pose sa tasse, ne t'en voulant pas le moins du monde pour ce rire, c'était même plutôt agréable à voir venant de toi*

- En effet, dit-elle en hochant la tête, ce Jedusor avait apparemment tout pour réussir, et d'une certaine manière on peut dire qu'il a excellé dans son... "Art". Nous avons été témoins de choses abominables sans avoir jamais vraiment rien pu faire.

Elle haussa un sourcil.

- Et voilà que je recommence à ressasser le passé, les remords, les "et si".. Fit-elle en se pinçant l'arrête du nez. Tant d'année passées à rester bloquée dans une époque depuis longtemps révolue.

Lorsqu'elle releva la tête, elle fixa son interlocuteur.

- Vous savez Elias, en toute franchise, je ne m'attendais point à ce que cette discussion se passe... Bien. Je n'avais point vraiment d'idée particulière quant à son déroulement mais j'avoue avoir ressenti quelque appréhension. Et si un jour, quelqu'un m'avait dit que nous nous retrouverions face à face autour d'un thé pour le moins médiocre, je ne l'aurais pas cru.

Elle eut un sourire en coin... À son grand étonnement, et sans parler de pardon absolu et immédiat, Helena avait le sentiment d'avoir affaire à un autre homme, et elle réalisa que l'un des poids qui pesaient sur ses épaules s'était allégé au fur et à mesure de leur conversation. C'était comme si un nœud serré depuis bien trop longtemps se dénouait petit à petit, et c'était une sensation plutôt agréable.

Nous étions morts, comment pourrions-nous être tenus pour responsable d'un événement qui a eu lieu après notre vivant ? En tant que fantôme, notre champ d'action était trop limité, nous n'avons pu qu'assister impuissants à ses actes... mais aujourd'hui nous avons le pouvoir de protéger Poudlard.

*léger sourire*

Je ne suis pas amateur de thé, je suis mal placé pour juger, je suis sûr qu'il n'est pas si mauvais.

*puis se lève et marche lentement dans la pièce*

Je comprends votre appréhension. Craignez-vous que je saute à votre cou et que je vous étrangle ? Fut un temps, cela aurait été possible... mais votre attitude à mon égard est appréciable, je sais que c'est un effort pour vous de me parler, et je vous en remercie sincèrement. La moindre des choses que je puisse faire en retour est de rester courtois.

- Nous étions doués de parole.... Même morts. Nous aurions pu parler mais.... Soit. C'est du passé, fit-elle en exécutant un mouvement de la main vers l'arrière, puis elle fixa sa tasse. Pour tout vous dire, il ne s'agit point de ma boisson préférée, c'est surtout quelque chose que l'on sert par politesse mais...

Elle hésita un instant.

- Seriez-vous tenté par quelque chose de plus fort ? Un hydromel par exemple ?

De son temps, la jeune femme tâchait de faire "bonne figure", mais elle était friande de cette boisson, ou de tout autre vin épicé. Puis elle regarda Elias se déplacer.

- Hm, je mentirais si je disais que cette idée ne m'a point traversé l'esprit, mais je vous sens changé... Non, ma plus grande "crainte" était que cette conversation ne nous mène nul part, ou ne fasse qu'empirer les choses, d'une manière ou d'une autre.... Mais ce n'était là que des suppositions qui se sont finalement envolées.

*Sourire plus prononcé*

Un hydromel serait parfait.

*se dirige vers toi*

Tout le monde change, Lady, surtout en mille ans. Mille ans de torture, de solitude, de froid... à vous voir sans pouvoir vous parler, ni vous toucher... croyez-vous que je vais perdre ma seule chance de repartir sur de meilleures bases avec vous en laissant à nouveau parler ma colère ?

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